Maudit l'OM. Un an après avoir perdu la finale face au PSG, Marseille a encore laissé filer un trophée qui lui tendait pourtant les bras. Au bout d'un insoutenable suspense, Sochaux a fini par s'imposer sur le fil (2-2, 5-4 tab). Laborieux mais mérité.
Le lièvre et la tortue14-18, le drame de l'Olympique de Marseille. 14 ans après le dernier trophée, 18 ans après la dernière Coupe de France, Marseille continue à faire son deuil des années de gloire, des années de gagne. Et pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour rompre la malédiction. Une grosse équipe, une dynamique ultra favorable en Championnat et un spectaculaire succès sur Sochaux lors du dernier duel (4-2) le 29 avril. Oui, tout était réuni. Mais Sochaux a montré toute sa foi pour dominer les individualités marseillaises et un destin longtemps contraire. « Ça, c'est le foot, s'exclamait après coup le capitaine sochalien, Jérémie Bréchet. Un groupe de potes. On a une équipe exceptionnelle. » On serait tenté de dire un club exceptionnel. On exagère ? Jugez plutôt : Sochaux est tout simplement le seul club de l'histoire avec le grand Saint-Étienne (1970) à réussir le doublé. Quel doublé ? Coupe de France - Coupe Gambardella, pardi ! En effet, un peu plus tôt, en ouverture de la finale des « grands », les jeunes Doubistes avaient dominé leurs homologues d'Auxerre sur le même score : 2-2, 5-4 tirs aux buts. Pareil mimétisme est cocasse. Surtout avec scénario à l'identique, à savoir une formation sochalienne contrainte à chaque fois de revenir au score.
Pour la der' du Président Jacques Chirac, la finale a tenu toutes ses promesses. Et l'OM mordait d'entrée dans la partie. Franck Ribéry avait prévenu : « S'il faut manger la pelouse du Stade de France, on la mangera. » Et visiblement les Phocéens avaient faim. Dès la 4e minute, sur le côté gauche, le trio Niang-Taiwo-Nasri déshabillait la défense sochalienne encore aux vestiaires et Djibril Cissé, seul au monde, trompait Richert d'une tête déposée (1-0). Au vrai, les hommes d'Alain Perrin se montraient très fébriles. Et pas vernis. Grax se jouait de Zubar pour lober impeccablement Carrasso, en plein sur la barre (10e). « Je ne serai jamais un exemple », avait confié Jérôme Leroy la veille. Constat lucide car aucun Sochalien ne semblait le suivre, lui, le seul à ne pas être dépassé, Karim Ziani étant d'une discrétion proche de la contre-performance. « On a eu beaucoup de mal à entrer dans la finale », reconnaissait d'ailleurs Leroy. Mais l'OM, de son côté, oubliait d'appuyer sur l'accélérateur, déjà comptable de ses efforts. Problème de fraîcheur ? En tout cas, Ribéry avait du mal à exister, Nasri restait intermittent et Niang alternait l'acceptable et le consternant. Et si Marseille avait trop bien débuté ?
D'une courte têteToujours est-il qu'après la pause, les Lionceaux semblaient avoir mangé… du lion. Leroy encore lui, s'essayait à un ciseau à l'entrée des 18 mètres, comme une invitation à se lâcher. Message reçu. Ziani recentré, le jeu doubiste trouvait davantage de cohérence. Et Dagano, au physique, commençait à faire sérieusement souffrir l'arrière-garde olympienne, Zubar en tête. Leroy, l'homme de cette finale, multipliait les tentatives. Ici un centre-tir vicieux, là une reprise du gauche un poil écrasée. Et c'est tout naturellement que Sochaux revenait au score à la 67e grâce à une puissante tête de Dagano sur un centre au cordeau de… Leroy (qui d'autre ?). Dans les dix dernières minutes, Nasri reprenait enfin la direction du jeu, tentait quelques slaloms. En vain. Déjà rincées par un calendrier douteux qui les avait fait jouer un match de Championnat trois jours plus tôt, les deux escouades se voyaient convier à une prolongation. Un petit extra en forme de condensé de la rencontre.
Très vite, Cissé redonnait l'avantage à l'OM (2-1, 98e). Son septième but de la compétition, le meilleur total évidemment. Un centre dosé de Maoulida (entré pour M'Bami), coup de boule précis de l'international français : Marseille pouvait commencer à envisager la fin de la pénitence. Mais ces diables de Sochaliens n'abdiquent jamais. Ziani, fantomatique par ailleurs, expédiait un missile sur coup-franc, bien dévié sur la barre par Carrasso. Juste avant le changement de côté, Oruma (entré pour Niang) ratait le KO sur une nouvelle percée de Nasri. La chance de l'OM était passée. À cinq minutes du terme, Le Tallec, entré à la place de Dagano (un signe dans cette galerie de bis repetita), trompait le portier marseillais d'une tête bien ajustée (116e, 2-2).
Tirs au but. Maoulida échouait le premier, Bréchet manquait la balle de match avant que Zubar n'échoue définitivement. « Le plus dur, c'est d'être revenu deux fois. Les tirs au but, c'est la loterie », nuançait Teddy Richert. Modeste car le héros du soir avait déjà apporté la Coupe de la Ligue lors de la même session face à Nantes en 2004 (et la fameuse panenka ratée par Landreau). La séance cruelle, injuste forcément, n'enlevait rien au mérite de Sochaux. « Sur l'ensemble, on l'a mérité », concluait même Alain Perrin, entraîneur comblé. Sochaux met ainsi fin à 70 ans de disette dans la compétition. L'OM devra attendre (au moins) une année supplémentaire.